Création de Claude Aymon pour la Wei Dance Company et sa propre compagnie, c2a,

c'est une pièce qui s'articule autour de deux duos mixtes mêlant deux danseurs des deux compagnies :

Une danseuse taïwanaise et un danseur français.

Un danseur taïwanais et une danseuse française.


Elle est inspirée de la Saint-Valentin chinoise,

qui est célébrée le septième jour du septième mois du calendrier lunaire chinois.


Selon la tradition, un jeune bouvier et une fée ont été séparés alors qu'éperdument amoureux.

La pluie est faite de leurs pleurs de ne pas pouvoir vivre ensemble.


Ils ne sont autorisés à se revoir qu'à la Saint-Valentin,

la septième nuit du septième mois.


La pièce s'est créée a à la fois en France et à Taïwan, avec une première taïwanaise en août 2014 et une première française en février 2015.

vendredi 1 mai 2015

la Septième Nuit en France - la soirée des copains


La nouvelle vidéo,
des surprises sur scène et dans les réactions du public, 
les premiers « au revoir »




En écrivant le titre, je me rends compte que ceux de mes amis qui sont venus à la première et à la dernière vont peut-être mal le prendre.
Mais bon
c'est comme ça que j'ai senti cette deuxième représentation.

Ça n’est pas la première fois que je vis les choses comme ça :
quand on fait des spectacles le week-end,
la première du vendredi est un peu plus froide que la seconde du samedi soir.

Question d'ambiance.

J'ai le souvenir de mon tout premier spectacle avec Josette Baïz.
Vingt danseurs,
dix enfants,
dix adultes,
avec des physiques aussi différents qu'improbables.
Une tribu à la Galotta, chorégraphe avec lequel Josette avait bossé.
C'était un spectacle d'1h10, à toute vitesse, bourré de gags plus ou moins légers.
Une grosse poilade pour nous de l'intérieur, que l'on espérait faire partager au public.
Le spectacle commençait par le solo d'une petite fille dont les dix-neufs autres protagonistes étaient la bande son.
Elle finissait cette danse par une série de sauts et un adulte, Stéphane, sortait de coulisse en la récupérant en plein vol en criant "maçonnerie générale" …
Le truc incongru qui moi me fait encore rire.
À la première, le vendredi,
quand Stéphane attrape la jeune danseuse en criant son texte,
silence.
Dans les coulisses, un vent de panique a commencé à souffler.
Les aléas des spectacles qui se veulent humoristiques.
Il a fallu un petit quart d'heure avant que la salle ne se déride …
Le lendemain,
les gens riaient déjà pendant le solo …

Alors
vous les amis qui êtes venus vendredi,
ne vous vexez pas,
vous êtes bien mes amis,
et ceux de dimanche peut-être encore plus
(pour savoir pourquoi, il va falloir attendre l'article suivant …).

Nous sommes le 21 février,
Wan Zhu et Cheng Wei sont arrivés il y a exactement 15 jours.
Ce matin, avec Sylvain, nous faisons la version « compressée » du film,
c'est à dire que nous créons une version DVD qui tiendrait donc sur ce support.
Le film initial pèse environ 50 Go,
compressé il fera moins de 4 Go.
À midi, nous passons acheter de quoi déjeuner à ma boulangerie préférée,
et puis un gâteau pour la pause.
Il est un peu plus de 14h30 quand nous arrivons au théâtre.
Il pleut.
Le rideau est fermé.
Je suis étonné que personne ne soit là.
Et puis je me souviens :
en fait, hier, quand Éric m'a demandé à quelle heure on commençait,
je lui ai dit que l'on fera un filage à 16h.
Et j'ai rajouté en rigolant que si il était là un quart d'heure avant,
ça serait suffisant …
J'espère qu'il ne l'a pris au sérieux.
Éric n'est pas un danseur.
Il n'a peut-être pas pris l'habitude du temps qu'il nous faut pour nous préparer,
entre l'échauffement, les révisions éventuelles, et les retours sur le spectacle de la veille,
une heure et demi et souvent utile,
il faut aussi que l'on teste la nouvelle version de la vidéo compressée
et que l'on trouve, le cas échéant, une version plus sécure que celle de la veille,
en ajoutant à tout ça, le temps de se retrouver autour du café,
on est aux alentours … de l'heure qu'il est là maintenant
alors que nous attendons dans la voiture que quelqu'un du théâtre ouvre.
Comme Éric devait passer récupérer Élise en chemin,
on tente de la joindre,
elle ne répond pas.
Je me connecte à Internet avec mon ordinateur,
il y a Mike !
(si vous ne voyez pas qui c’est, fouillez dans les articles du début de la semaine dans la colonne de droite ..)
Je lui demande s'il sait quelque chose et s'il peut joindre Éric.
Il n’arrive pas à le joindre non plus.
Il décide de venir.
Je suis tellement désolé de le faire se déplacer un jour où il aurait pu rester en famille,
d'autant qu'il pleut toujours.
Sylvain va chercher des cafés dans le bar le plus proche et nous attendons dans la voiture embuée.

15h15,
Élise et Éric arrivent,
suivis de près par les taïwanais,
je lui dis de prévenir Mike pour qu'il reste (ou rentre) chez lui,
et j'appelle Fred qui prend des photos sur un tournage de court-métrage qui est juste à côté.
Pour éviter de le faire attendre, je lui ai dit que je le préviendrais quand nous serions là.

On s'installe le temps qu’il arrive.
On fait la barre en enchaînant tous les exercices.
Pendant que mes comparses finissent de se chauffer,
on teste la vidéo.
Plus de bégaiement.
On a perdu en qualité d'image,
tant pis,
au moins on est sûr que de ce point de vue là, ça se déroulera sans accroc.

On reparle un peu d'hier mais rapidement.

16h30.
Filage.

18h.
Pause.
On partage un gâteau aux myrtilles de ma boulangerie.
Wan zhu a l'air d'apprécier.


J'essaie d'écrire un peu,
mais l'ambiance n'y est pas, tout le monde a besoin de se lâcher un peu.
Tant pis,
une autre fois.

19h.
Éric et Mike (qui est arrivé entre temps à l'heure où il devait venir) nettoient le théâtre.


19h30.
Derniers pas sur le plateau,
révisions,
échauffements.
Le théâtre est plus calme.
Ce soir, pas de vernissage.

20h.
Le théâtre ouvre ses portes.
La jauge étant petite, on n'a pas besoin d'ouvrir trop tôt.
(ou le public serait peut-être un peu trop ivre en entrant dans la salle).
Mise,
rituels de démarrage
(que je ne vous dirai toujours pas)
et nous rejoignons la loge.

20h15,
Élise s'en va.
Il me semble que c'est un peu tôt mais elle préfère …
Nous attendons dans les loges le dernier quart d'heure.
Éric vient nous prévenir vers 20h25.
Dernières minutes d'attente,
on est reparti …

Cheng Wei,
la musique,
Wan Zhu et moi,
Élise la tête sur le comptoir,
je la replace,
je disparais dans la salle,
un dernier merde aux copains,
Fred qui lance le film,
Sylvain qui démarre sa caméra,
(aujourd'hui il est devant à jardin)
Élise qui traverse la salle avec ses talons,
suivie de Cheng Wei,
à l'entrée aujourd'hui c'est Mike et Marion,
qui reste comme hier préposée aux questionnaires …

Il y a un peu plus de monde qu'hier,
et donc moins d'attente entre l'installation de la dernière personne et la fin du film.
Mais ça fonctionne quand même.

Demie salle,
noire salle,
je m'installe sur mon tabouret.
"Milky way …"
le public rit dès la première phrase,
"Autant vous prévenir …",
je me détends,
et du coup je bafouille un peu,
signal d'alerte,
je me reconcentre …
"Qi Xi",
j’entends la porte public se fermer,
Wan Zhu traverse la scène.

Je trouve une fin différente.
Je répète Qi Xi en boucle au rythme du carillon qui égrène les premières notes du solo de Wan Zhu,
comme si je m'entrainais à le dire correctement (ce qui n'arrive jamais à faire d'ailleurs),
j'aime bien cette fin mais elle ne fonctionne que si la musique arrive assez vite,
comme aujourd'hui.

On verra bien demain.

Wan Zhu attaque son solo,
et perd l'équilibre …
Elle transforme ça en une arabesque plongée enchainée avec une roulade.
Je ris.
On est loin de ce que l'on voulait faire dans le fond,
mais visuellement ça marche.
Elle est complètement décalée dans le temps,
mais je ne suis pas inquiet.
C'est assez intéressant de voir comment elle gère ce retard pour pouvoir retomber sur ses pattes.
ce qu'elle accélère,
ce qu'elle ralentit,
Quels changements d'énergie elle décide de faire ?

À la fin du sol,
elle est dans les clous,
elle enchaîne jusqu'à la fin avec une présence différente de la veille,
quelque chose de plus combattif.


Le boléro va commencer,
Élise et Cheng Wei traversent.
Nous voilà à notre point de rendez-vous en coulisses.
Tous les trois réunis.
On commente le début.
Cheng Wei me dit que c'est un peu de notre faute :
c'est vrai qu'hier, les gens ont été très impressionnés par la force de Wan Zhu, dans ce corps qui parait si fragile …
Et comme beaucoup de gens nous ont d'abord parlé de ça en parlant du spectacle,
avec Cheng Wei, on se disait que finalement ça n'était peut-être plus la peine que nous fassions quoi que ce soit puisque le public ne regardait qu'elle …
On s'imaginait en pierre, en arbre,
bref, en élément de décor.
On a continué à plaisanter sur ça aujourd'hui, et elle n'a pas osé nous dire qu'au lieu de la détendre ça lui mettait une pression supplémentaire …

Notre traversée arrive,


puis le reste,
le duo des filles,
la seconde traversée vers le fond de scène,


Élise,
bienvenue à Taïwan,
le solo de Cheng Wei,
tout va de plus en plus vite,
c'est frustrant.
Le quatuor,
Cheng Wei qui parle chinois,

le public rit plutôt que la veille,
avant que je ne rentre.
Son "putang" a toujours autant de succès mais aujourd'hui les gens rient aussi dans la partie qui suit:
les préparatifs.
En fait, quand Cheng Wei apparaît dans des costumes différents, il arrive chaque fois, d’une manière et d’un endroit nouveau.
De la coulisse, de derrière l'écran, torse nu, en slip,
et le "putang" fait que le public a envie de le suivre et est plus enclin à rire de ses actions.
Une chose que je n'avais pas prévue.
J'aime bien ça.

Les évanouissements,
le slow,
les saluts,
cette pièce est trop courte maintenant …

À la fin des saluts,
dans les coulisses,
je m'excuse auprès de Wan Zhu de l'avoir embêtée,
elle fond en larmes,
elle pensait que j'allais l'engueuler.
Je la console et lui dis qu'on reparlera de tout ça après sa bière.

Comme je vous le disais, il y avait beaucoup de "copains" ce soir, des profs chez qui je vais donner des stages, des élèves, et puis aussi Jennifer et Gaby les hôtes de nos amis et même Thierry et Marie chez qui nous avons répété les week-ends et qui nous ont offert notre première rencontre avec le public.
Les retours sont globalement très positifs.
Il y a quelqu'un qui représente la ville de Marseille et l'Institut Français.
Je suis bien content de pouvoir lui montrer dans quoi ils ont investi.
On parle un peu de l'avenir de cette pièce,
qui semble être plus radieux là bas qu'ici …
On parle aussi d'une nouvelle tentative à KLAP et des appuis que je pourrais avoir.
Je me sens un peu soutenu.
Ça fait du bien.

On reparle avec Wan Zhu du début de la pièce,
Cheng Wei s'est aussi excusé.
Elle m'explique qu'elle veut tout faire pour que ce soit parfait et qu'elle est déçue.
Je souris.
Et je nui explique que c’est justement parce que je sais qu'elle fait de son mieux que je n'ai aucune raison d'être contrarié (surtout que son "erreur" a été transformée de façon magistrale).
"you are too kind"
On trinque …

Ce soir commence les premiers au revoir pour Wan Zhu et Cheng Wei.
Je connais tellement ce sentiment.
Il y a d'abord Marie, Thierry et Lou.
Ils leur souhaitent bonne chance,
nous, on se promet de se voir très vite,
Thierry me dit qu'il va m'écrire quelque chose …

Ensuite, il y a Mike qui ne viendra pas demain,
il va s'occuper de ses enfants.
Nous avons passé avec lui une grande partie de la semaine,
ça crée des liens.

La grande famille se réduit.

Et ça va devenir plus poignant de jour en jour …
Demain, c’est déjà la dernière
et après demain, le départ …

Mais pour l’instant, on savoure notre deuxième représentation.
Jusque vers minuit comme la veille.
Ce soir, je ne fais pas la route habituelle.
Jennifer et Gaby les ramène.
Je me coucherai plus tôt,
Sylvain aussi.



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