Création de Claude Aymon pour la Wei Dance Company et sa propre compagnie, c2a,

c'est une pièce qui s'articule autour de deux duos mixtes mêlant deux danseurs des deux compagnies :

Une danseuse taïwanaise et un danseur français.

Un danseur taïwanais et une danseuse française.


Elle est inspirée de la Saint-Valentin chinoise,

qui est célébrée le septième jour du septième mois du calendrier lunaire chinois.


Selon la tradition, un jeune bouvier et une fée ont été séparés alors qu'éperdument amoureux.

La pluie est faite de leurs pleurs de ne pas pouvoir vivre ensemble.


Ils ne sont autorisés à se revoir qu'à la Saint-Valentin,

la septième nuit du septième mois.


La pièce s'est créée a à la fois en France et à Taïwan, avec une première taïwanaise en août 2014 et une première française en février 2015.

vendredi 16 mai 2014

25/04/14 (3) - Ya-Chin, un soir .. Quand Io, émouvant


Retrouvailles,
Resto japonais à Taïwan,
Quang Io et ses messages,



Après une journée artistiquement bien remplie (musique le matin, deux cours l'après-midi ),
je retrouve ce soir - et avec quel bonheur ! - ma plus vieille connaissance sur l'île : Ya-Chin.

Ya-Chin a été la première personne avec laquelle j'ai parlé ici.

Au printemps 2011, lors de de ma sélection pour le Young International Choreographer Project, 

elle s'est occupé de tous les papiers officiels et m'avait informé autant que possible sur ce qu'il allait se passer.
Je me souviendrai toujours de son regard, tout en retenue, quand je suis arrivé à l'aéroport de Kaohsiung ce 3 juillet, avec ces cheveux longs et sa main tendue en avant.
Cette main, qui m'informait qu'ici, on se touchait peu, et surtout pas les premières fois.
J'aurais dû prendre une photo.

Ya-Chin a été incontournable pendant mon premier séjour.
Elle trouvait des solutions à tout :
des choses simples comme, trouver un adaptateur France/Taïwan pour les prises électriques,
à des choses plus complexes comme trouver un commerce pour acheter des fringues à 21h pour un étranger dont le bagage est resté bloqué à Amsterdam à cause d'une correspondance trop courte (ah .. Roissy … Air France …),
quoique, avec le recul, vu l'heure à laquelle ferment les magasins ça n'était pas si compliqué …
Dire avec diplomatie à la directrice, juste pour savoir si elle était au courant (sans pour autant que le danseur ne soit pénalisé), qu'un des danseurs du projet a raté deux ou trois répétitions - chose banale en France mais pas à Taiwan - ça, ça a été complexe.

À propos de ma première pièce "et toujours cette odeur de chaud d'après la pluie", Ya-Chin m'a écrit :
"To me, your piece is just like you. You add so much elegance to my hometown and this island! I like it"
Comme si cette île ne le méritait pas …
Je ne l'oublierai jamais.

L'année suivante, on s'était revu, le temps d'un dîner et on s'est promis de se revoir dès que possible.

L'été dernier, elle était déjà aux Etats-Unis, là où elle vit maintenant.
Ce "dès que possible" était donc, ce vendredi soir.
Mon dernier vendredi pour ce séjour.
Entre temps, Ya Chin s'est fiancée, puis s'est mariée.
Enfin …
Le mariage est en cours : il y a plusieurs cérémonies dont une à Kaohsiung qui aura lieu .. la semaine prochaine
Donc, on se voit ce soir pour manger, parler, rire.

Ya-Chin me propose d'aller dans un restaurant japonais, chose que je n'ai jamais fait ici.
En France, j'y vais tout le temps mais ici, bien qu'il y en ait plein, ça n'était pas venu vraiment à l'esprit de mon estomac.

J'attends Ya-Chin à la salle des profs.
J'avais prévenu Su Ling que ce soir je dînais avec son ancienne assistante mais elle a oublié.
Elle me demande donc, comme les autres fois, si je veux dîner.
Elle est un peu déçue quand je lui rappelle que ce soir je dîne dehors.

Mon téléphone vibre.
Ya-Chin m'attend dehors.
Je la retrouve à l'entrée de la Senior High School.
Elle sort de sa voiture avec son magnifique sourire !

Elle a les cheveux longs !
Quand je lui dis, elle me répond "tu as remarqué ?" avec une petite fierté au coin de l'oeil.
Et fière, elle peut l'être.
Ya-Chin a été gravement malade et quand je l'ai vue pour la première fois elle portait une perruque.
En 2012, elle avait un joli carré encore bien court et on s'était déjà félicité de la chose mais là, 

les cheveux étaient longs, et ici bien plus qu'ailleurs, c'est important.
Toutes les élèves à Tsoying, ont les cheveux longs.
Il semble que c'est à l'âge de la fac que l'on prend plus de liberté : 

beaucoup de trentenaires ont les cheveux plus courts.
Bref, elle va bien, elle est rayonnante bien que débordée par les préparatifs de son mariage à Kaohsiung.

Le japonais est super chic.
Un peu comme en France quand ces restaurants n'étaient pas encore à la mode.
Ya-Chin poste très souvent sur Facebook des images de bouffe.
Et comme je fais pareil quand je suis ici, cette fois-ci, on se partage la tâche.



Comme d'habitude ici, chacun choisit des choses dans le menu et on partage tout.
Chose étonnante,
ce qu'on appelle des sushis, sont ici des sashimis avec du riz.
Ce qu'on appelle les makis, sont appelés … des sushis.
Quand je lui explique, elle se corrige "do you want some .. hem … makis ?"
On éclate de rire.
Quel que soit le nom on en prend et on verra.


Comme la dernière fois qu'on s'est vus, on refait le monde.
On parle de Tsoying, de nos connaissances communes 
(elle a donné des cours à Quang Io et Ming Chen des "soldats du vent").
Elle me raconte un peu sa vie aux Etats-Unis où elle vit maintenant avec Peter, son futur mari.
Ils ont quelques soucis avec la "green card".
La vie d'immigrés …
On compare nos vues sur l'Europe : elle a vécu en Grande-Bretagne et ils pensent faire leur voyage de noces en France ou en Italie.
Elle est bien contente que je sois revenu à Taïwan, même si ça l'étonne toujours autant que j'aime tant cette île.
Du point de vue à la fois culinaire et touristique, j'ai testé pour la première fois, le poisson avec les baguettes.
Un poisson grillé, entier.
Ce genre de situation où on comprend pourquoi tout est coupé en petits morceaux dans la cuisine asiatique ...


Contrairement à mardi dernier, je n'arrive pas à payer la note.
Elle a repris ce regard noir qu'elle avait eu le premier jour en me disant "Never drink the water here !" 
(je vous ai déjà expliqué qu'ici, il y a des endroits où l'eau n'est pas potable).
"You will treat me well when I'll come to Europe"
C'est sûr que si elle vient en Europe, elle ne pourra pas payer.
Je lui dois tant …
On négocie.
On s'accorde sur le partage de la note.

Deuxième négociation : le métro !
Elle veut me ramener chez moi, je lui dis que la station de métro la plus proche suffit.
Elle réfléchit et me dit "oui mais ça va prendre autant de temps d'aller au métro que chez toi"
Je n'y crois pas une seule seconde mais bon ..
Ca nous permet de rester encore un peu de temps ensemble.

On se quitte juste après le lycée de Sin Sing, qui est son lycée !
On se jure de se revoir dès que possible.
Je ne sais pas quand ça sera …
Peut-être pour son voyage de noces ...

20h, je suis à la maison.
Douche, bière.
Pendant que les vidéos des classes de l'après midi sont transférées vers l'ordinateur, 
je regarde si le solo de Cheng Wei a autant de succès que la vidéo de mercredi.
Il en a moins.
Dommage, moi je suis content de ce qu'on a fait.

Quang Io, republie l'album de mes photos de sa classe.
Les premières remontent à l'été 2012.
Il écrit :
"高三最後一堂Claude的課
就這樣畫下句點了

心裡很感概 …

從高二的「風行者」
到高三的「城市的足跡」
每一次上課 每一次排練
無數次的 "Again" 都徘徊在劇場裡

Thank you Claude Aymon
I love your modern dance
I love u ~~~~"

Pour la partie en chinois, il semble qu'on puisse traduire par
"Enfin, une classe avec Claude en troisième année
et une nouvelle série de vidéos

J'ai un sentiment très profond ...

Des "soldats du vent" aux "empreintes d'une ville"
Chaque classe est comme une répétition
De nombreux "Encore !" résonnent dans le théâtre"

Les larmes aux yeux ..
Forcément.

Ya-Chin met les photos de bouffe du restau en ligne
et dit
"It was very nice to come back from different corner of the world to the same place we met years ago, and had a dinner together."
C'est tellement vrai.
Elle, de Miami, moi de Marseille, ici à Kaohsiung.
Autour d'un repas
Évidemment …

1 commentaire:

  1. Ya-Chin (via Facebook) a répondu :
    Oh my dear Claude, Bing translated your post for me, and it read like a poem.
    It's very nice to meet such a poetic you in my life.
    Life is beautiful.
    And so is a true friend who cares about you!

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